La couleur manifeste

Jean Demannez, Président
Annie Valentini, Directrice générale
Grégory Thirion, Responsable des expositions

ont le plaisir de vous inviter au vernissage de l’exposition ainsi qu’à la sortie du livre «Voyons voir», paru aux Editions La Lettre volée
hebben het plezier u uit te nodigen op de vernissage van de expo en ook de presentatie van het boek «Voyons voir» uitgegeven door La Lettre volée

Bernard Villers, Raclette, 1983 © Daniel Dutrieux

mercredi woensdag 12.09.2018 de van 18:00 > 21:00

EXPOSITION MUSEUM
13.09 – 28.10.18 • mercredi woensdag > dimanche zondag – 12:00 > 20:00
Botanique : rue Royale 236 Koningsstraat Bruxelles 1210 Brussel
Infos : 02 218 37 32 – www.botanique.be

En présence de Cécile Vandernoot et Daniel Dutrieux, commissaires de l’exposition.
In aanwezigheid van Cécile Vandernoot en Daniel Dutrieux, curatoren van de expo.

 

La couleur manifeste, l’exposition de Bernard Villers au Botanique, affirme la force poétique et sensible de la couleur. Manifeste, la couleur l’est : plus que présente dans son œuvre, elle en est le sujet. Dégagée de toute représentation du réel, elle est alors libre de se raconter et de provoquer des émotions. Dès l’entrée de l’exposition, on est amené à embrasser du regard l’ensemble de l’espace et créer un parcours de lecture singulier, rapprochant des œuvres qui ont parfois trente ans d’écart. Si elles peuvent différer en termes de propos et d’idée, elles questionnent toutes le pouvoir de la couleur. Il suffit de se mettre en mouvement pour distinguer les effets à la surface des œuvres lorsqu’un Bleu de Prusse côtoie un Jaune Sénégal par exemple ou qu’un Rouge anglais se mesure à un Vert Véronèse. En s’approchant davantage, on découvre la matière picturale et l’incidence de la lumière sur celle-ci.

Après une formation à l’École nationale supérieure des Arts visuels – La Cambre en peinture monumentale, atelier dirigé par Paul Delvaux puis par Jo Delahaut, Bernard Villers poursuit ses recherches picturales et interroge le medium dans ses composantes traditionnelles : la toile, le châssis, le cadre. Il choisit par exemple des toiles de coton léger et joue de leur transparence pour amplifier ou atténuer les couleurs. Il met ensuite en place des protocoles, c’est-à-dire qu’il définit une série de contraintes précises qui influent sur les conditions et le déroulement de son travail. Nourri par ailleurs de références artistiques, philosophiques ou littéraires, il s’invente une famille d’artistes et d’auteurs qui l’inspirent et alimentent sa démarche : Schwitters, Malevitch, Barthes, Pessoa, Perec, pour ne citer qu’eux. Au cours de ces années d’exploration, il lie l’art à la vie de tous les jours. Le quotidien fait son apparition dans sa peinture par l’usage d’objets trouvés comme des raclettes, des cageots, des palettes, des assises de chaise et des tiroirs démantelés qu’il détourne de leur destination originelle.

Bernard Villers a choisi la peinture comme il choisira un peu plus tard le livre. Ainsi se croisent les couleurs et les mots, dans un aller-retour permanent. Davantage encore, la peinture et le livre sont ses moyens pour donner à lire la couleur et à voir les mots. En fondant les éditions Le Remorqueur en 1976, il se situe délibérément en marge du marché de l’art, rejoignant les artistes qui ont fait du livre un medium à part entière et bousculent les principes en place. L’objet d’art n’a plus à être unique pour faire œuvre, il devient multiple et sériel, accessible à un public plus large.

Dans cette exposition, l’œuvre se déploie, manifestement plus complexe à la seconde lecture qu’au premier regard. Rien n’est donné d’emblée et pourtant tout est livré avec simplicité et clarté. Les matériaux sont choisis consciemment pour leurs propriétés, les gestes sont intelligibles et peu nombreux, les décisions sans compromis. Pas de faux-semblant : ce que l’on voit est ce qui a été fait, les contraintes posées sont visibles, d’une franchise redoutable, a contrario de certaines peintures abstraites dont le processus importe moins que la matière. C’est ce qui rend cette œuvre indéniablement actuelle. Si elle est poétique, elle n’en est pas moins rigoureuse et si elle parle d’elle-même, c’est un joyeux privilège que d’écouter Bernard Villers la nuancer.

Cécile Vandernoot
Juin 2018

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