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Article paru dans La Libre Belgique du 3 avril 2010. Par Claude Lorent.

Solos et duo à Namur pour deux adeptes de l’abstraction radicale. Pour ce second volet d’une saison axée sur l’abstraction dont on célèbre cette année le centenaire, la Maison de la culture de Namur a pris une option contemporaine assez radicale puisque les deux exposants sont des adeptes du monochrome, mais non sans nuances.

Il est des lieux plus ingrats que les autres et le hall de la MCN est de ceux-là dès que l’on quitte les cimaises où les œuvres sous verre scintillent de tous les reflets souhaités. Par contre, les peintures au sol, légèrement inclinées et incurvées, qui font immanquablement référence aux installations de feu Tapta, sont perdues dans le carrelage et inadaptées. Leur résonance ne fonctionne pas.

Les salles de l’étage sont réservées à des solos. Dans l’abondante lumière du jour de la salle Meuse sont posés, en une installation segmentée, les verres peints de Pierre Toby en dispositions les plus diverses : à plat sur table, au sol contre les cimaises, sur présentoirs, dans l’ombre, en superpositions partielles (et l’on retrouve une proposition de Tapta avec les rouges vénitiens). L’artiste donne à voir la couleur, les teintes toujours subtiles sont superbement choisies pour chaque œuvre, dans un traitement sur verre qui laisse des traces et joue plus souvent de la translucidité que de la transparence.

La multitude des propositions, la variété des dispositifs, les différences de formats, l’épaisseur des supports, le type de recouvrement total ou partiel, les inclinaisons, l’origine et l’incidence de la lumière, le placement du spectateur, sont quelques-uns des facteurs qui influencent la perception du matériau coloré et de l’intervention. Ces monochromes, en fin de compte, disent surtout l’infinité des variations qui dépendent aussi de la clarté ambiante, de l’espace de réception et de l’écoulement du temps.

La participation de Bernard Villers en salle Sambre s’appuie sur la densité chromatique et sur le rayonnement des couleurs, les unes primaires et vives, quelques autres en teintes adoucies mais non moins affirmatives. La perfection de l’aplat n’est pas recherchée, c’est le pouvoir de diffusion qui prime, ainsi que la dynamique entre les éléments. L’exposition se distribue en îlots de plusieurs pièces agencées aux formes géométriques généralement irrégulières dans lesquelles apparaissent parfois, comme à la marge, le matériau brut du support dont les positions s’appréhendent comme des intrusions bienvenues dans le champ de vision qui est aussi espace de vie.

“Half en half”. Bernard Villers et Pierre Toby. Maison de la culture de la Province de Namur, av. Golenvaux, 14, 5000 Namur. Jusqu’au 21 avril. Tous les jours de 12 à 18h. Fermé les 4 et 5 avril. Entrée libre.